Temple d'Isis - Philae (Egypte)
Construction et Sauvetage
C’est vers 595 avant notre ère que Psammétique Ier, pharaon de la 27ème dynastie, initie la construction du temple sur l’île de Philae, l’une des iles de la 1ère cataracte, en haute Egypte, probablement pour commémorer sa victoire sur les nubiens. Ce premier temple est une construction modeste, un kiosque à 8 colonnes. Une vingtaine d’années plus tard, le roi Amasis fait édifier un petit temple doté de 3 pièces en enfilades sur la butte rocheuse qu’est Philae.
Au 4ème siècle, Nectanebo 1er, premier pharaon de la 30ème dynastie et dernier monarque égyptien, fort de sa victoire contre l’alliance greco-perse, offre à l’Egypte une nouvelle période de paix et de prospérité, au cours de laquelle, il fit construire et restaurer de nombreux temples, dont un kiosque à 18 colonnes sur l’île de Philae. Sous Ptolémée II, ce temple sera déménagé vers le sud de l’île.
Mais le temple de Philae tel que nous le connaissons aujourd’hui ne verra ses premières pierres qu’au 3ème siècle avant JC, sous la dynastie des Lanides, avec Ptolémée 1er. Par la suite, il sera entretenu, agrandi et embelli par Ptolémée III, VI, VII et XII. Le temple sera encore entretenu et employé sous l’époque romaine. Ainsi, on retrouve le kiosque de Trajan, construit au cours du 1er siècle de notre ère, puis une inscription datant l’an 394 et attribuée à Akhom, deuxième prophète d’Isis.
Vers 530, dans son combat contre toute forme d’hérésie – comprenez par là, tout ce qui n’est pas orthodoxe - l’empereur Justinien fait transformer le temple en église copte et emprisonner ou tuer les prêtres encore fidèles au culte de la Déesse. Certains bas-reliefs sont martelés, le visage des divinités étant remplacées par des croix coptes.
C’est vers 595 avant notre ère que Psammétique Ier, pharaon de la 27ème dynastie, initie la construction du temple sur l’île de Philae, l’une des iles de la 1ère cataracte, en haute Egypte, probablement pour commémorer sa victoire sur les nubiens. Ce premier temple est une construction modeste, un kiosque à 8 colonnes. Une vingtaine d’années plus tard, le roi Amasis fait édifier un petit temple doté de 3 pièces en enfilades sur la butte rocheuse qu’est Philae.
Au 4ème siècle, Nectanebo 1er, premier pharaon de la 30ème dynastie et dernier monarque égyptien, fort de sa victoire contre l’alliance greco-perse, offre à l’Egypte une nouvelle période de paix et de prospérité, au cours de laquelle, il fit construire et restaurer de nombreux temples, dont un kiosque à 18 colonnes sur l’île de Philae. Sous Ptolémée II, ce temple sera déménagé vers le sud de l’île.
Mais le temple de Philae tel que nous le connaissons aujourd’hui ne verra ses premières pierres qu’au 3ème siècle avant JC, sous la dynastie des Lanides, avec Ptolémée 1er. Par la suite, il sera entretenu, agrandi et embelli par Ptolémée III, VI, VII et XII. Le temple sera encore entretenu et employé sous l’époque romaine. Ainsi, on retrouve le kiosque de Trajan, construit au cours du 1er siècle de notre ère, puis une inscription datant l’an 394 et attribuée à Akhom, deuxième prophète d’Isis.
Vers 530, dans son combat contre toute forme d’hérésie – comprenez par là, tout ce qui n’est pas orthodoxe - l’empereur Justinien fait transformer le temple en église copte et emprisonner ou tuer les prêtres encore fidèles au culte de la Déesse. Certains bas-reliefs sont martelés, le visage des divinités étant remplacées par des croix coptes.
Lors de la construction du premier barrage d’Assouan par les britanniques en 1894, le temple se retrouve sous eaux. Les sculptures, les dessins, les bas-reliefs connaissent des dommages importants. Par chances, les expéditions napoléoniennes nous permettent de nous faire une idée de la magnificence des lieux, comme en témoigne ce dessin, réalisé par l’un des érudits accompagnants Napoléon.
Il faudra attendre 1960 pour voir débuter les travaux de sauvetage, sous l’impulsion de Christiane Desroches-Noblecourt[1] et André Malraux[2], dont l’initiative a permis de sauver une quinzaine de temples. Pas moins de 23 pays ont soutenu financièrement cette entreprise titanesque, en plus des fonds privés et des bénéfices d’une série d’expositions consacrées à l’Egypte ancienne. A l’instar du temple d’Abou Simbel, le temple de Philae est déménagé pierre par pierre sur l’île d’Agilkia, 300 m en aval et 7 mètres plus haut. Mais avant de pouvoir déménager le temple, il faut l’assécher, l’assainir et nettoyer la boue et les alluvions qui s’y sont entassé durant des années. Débute alors l’érection d’un batardeau, immense barrière double en acier de près de 17m de haut. Cette première phase durera deux ans, période pendant laquelle Christiane Desroches-Noblecourt fit pression afin de donner à Agilkia la forme de l’oiselle prête à se poser sur le corps momifié d’Osiris, comme l’île de Philae avant sa submersion. Elle obtint gain de cause et gagna même le droit de faire replanter les jardins d’Isis sur Agilkia. Le 10 mars 1980, le temple est enfin rouvert au public et devient progressivement l’une des destinations touristiques les plus importantes.
Architecture
Le temple de Philae est emblématique de l’architecture ptolémaïque, alliant la tradition égyptienne et la modernité grecque. Ainsi, le plan de base du temple est revu selon les standards grecs. Autour du Naos, pièce principale où est gardée la statue de la divinité et accessible seulement au Pharaon et aux prêtres, s’organisent des salles de stockage, des salles hypostyles et une salle d’offrande. C’est aussi à cette époque qu’apparaissent les mammisi, petites chapelles consacrée aux mystères de la naissance divine, et le système de claustras, sortes de parois ajourées permettant à la lumière de pénétrer dans le temple. Les colonnes se multiplient, remplaçant les allées de Sphinx, tandis que leurs chapiteaux s’alourdissent. Chaque temple de cette époque a néanmoins ses spécificités architecturales et ses particularités. Cela reflète d’ailleurs bien le contexte difficile de l’époque où des pharaons grecs tentent de se conformer à la tradition égyptienne, sans pour autant perdre leur identité propre. A noter que c’est également ce « métissage » culturel qui imposera progressivement le culte d’Isis dans le bassin méditerranéen.
Le temple de Philae est emblématique de l’architecture ptolémaïque, alliant la tradition égyptienne et la modernité grecque. Ainsi, le plan de base du temple est revu selon les standards grecs. Autour du Naos, pièce principale où est gardée la statue de la divinité et accessible seulement au Pharaon et aux prêtres, s’organisent des salles de stockage, des salles hypostyles et une salle d’offrande. C’est aussi à cette époque qu’apparaissent les mammisi, petites chapelles consacrée aux mystères de la naissance divine, et le système de claustras, sortes de parois ajourées permettant à la lumière de pénétrer dans le temple. Les colonnes se multiplient, remplaçant les allées de Sphinx, tandis que leurs chapiteaux s’alourdissent. Chaque temple de cette époque a néanmoins ses spécificités architecturales et ses particularités. Cela reflète d’ailleurs bien le contexte difficile de l’époque où des pharaons grecs tentent de se conformer à la tradition égyptienne, sans pour autant perdre leur identité propre. A noter que c’est également ce « métissage » culturel qui imposera progressivement le culte d’Isis dans le bassin méditerranéen.
Double colonnade, détail typiquement hellénique, remplaçant la traditionnelle allée de Sphinx à l’entrée du temple.
Culte
A la base, l’île de Philae est consacrée à la déesse Hathor, sous sa forme sauvage, représentation de la crue bondissante. Mais la proximité du tombeau d’Osiris sur l’île voisine de Bigeh et la forme de l’île de Philae (qui rappelle Isis sous forme d’oiseau qui se fait féconder par Osiris momifié) a petit à petit amené le culte d’Isis à surpasser celui d’Hathor. Il faut dire aussi que la Déesse Isis est particulièrement aimée, tant en Egypte que par le peuple nubien, tout proche de Philae. D’ailleurs, l’île sera un lieu de rencontre pacifique entre les deux cultures pendant plusieurs siècles, et on dénombrait des prêtres nubiens aussi bien qu’égyptiens, au service d’Isis et de son bien-aimé Osiris.
Le culte d’Isis à Philae est étroitement lié au culte d’Osiris à Bigeh. En effet, chaque jour, les prêtres se rendaient d’une île à l’autre afin de faire des offrandes sur les nombreuses tables d’offrandes qui ornaient les 2 domaines. Tous les 10 jours, la statue de la Déesse Isis faisait le trajet en barque jusqu’à Bigeh, porteuse d’une offrande de lait et de fumigations d’encens censés vivifier le Dieu défunt et lui permettre d’assurer son rôle de monarque dans l’eau delà. C’est également cette cérémonie qui permettait la crue annuelle du Nil.
Mais Philae est aussi de par sa position géographique et le lien avec la famille royale divine Osiris – Isis - Horus, représentation idéale de la famille de Pharaon, le temple où sont célébrées toutes les grandes fêtes de l’année. La légende veut qu’au cours de sa grossesse, Isis se retire dans le mammisi afin de protéger son enfant à naître, tout en restant à proximité du tombeau de son défunt époux. Dans le Mammisi, on aperçoit d’ailleurs encore actuellement un bas-relief représentant Isis et le jeune Horus qu’elle vient de mettre au monde. Horus, sous sa forme d’Harpocrate est le symbole du Soleil nouveau, plein de jeunesse et de vigueur. Il est aussi annonciateur de la crue, fécondatrice, qui sera célébrée chaque année à Philae par Pharaon, l’incarnation terrestre d’Horus. C’est d’ailleurs à cette fin que l’on retrouve un nilomètre sur la face ouest du temple.
A la base, l’île de Philae est consacrée à la déesse Hathor, sous sa forme sauvage, représentation de la crue bondissante. Mais la proximité du tombeau d’Osiris sur l’île voisine de Bigeh et la forme de l’île de Philae (qui rappelle Isis sous forme d’oiseau qui se fait féconder par Osiris momifié) a petit à petit amené le culte d’Isis à surpasser celui d’Hathor. Il faut dire aussi que la Déesse Isis est particulièrement aimée, tant en Egypte que par le peuple nubien, tout proche de Philae. D’ailleurs, l’île sera un lieu de rencontre pacifique entre les deux cultures pendant plusieurs siècles, et on dénombrait des prêtres nubiens aussi bien qu’égyptiens, au service d’Isis et de son bien-aimé Osiris.
Le culte d’Isis à Philae est étroitement lié au culte d’Osiris à Bigeh. En effet, chaque jour, les prêtres se rendaient d’une île à l’autre afin de faire des offrandes sur les nombreuses tables d’offrandes qui ornaient les 2 domaines. Tous les 10 jours, la statue de la Déesse Isis faisait le trajet en barque jusqu’à Bigeh, porteuse d’une offrande de lait et de fumigations d’encens censés vivifier le Dieu défunt et lui permettre d’assurer son rôle de monarque dans l’eau delà. C’est également cette cérémonie qui permettait la crue annuelle du Nil.
Mais Philae est aussi de par sa position géographique et le lien avec la famille royale divine Osiris – Isis - Horus, représentation idéale de la famille de Pharaon, le temple où sont célébrées toutes les grandes fêtes de l’année. La légende veut qu’au cours de sa grossesse, Isis se retire dans le mammisi afin de protéger son enfant à naître, tout en restant à proximité du tombeau de son défunt époux. Dans le Mammisi, on aperçoit d’ailleurs encore actuellement un bas-relief représentant Isis et le jeune Horus qu’elle vient de mettre au monde. Horus, sous sa forme d’Harpocrate est le symbole du Soleil nouveau, plein de jeunesse et de vigueur. Il est aussi annonciateur de la crue, fécondatrice, qui sera célébrée chaque année à Philae par Pharaon, l’incarnation terrestre d’Horus. C’est d’ailleurs à cette fin que l’on retrouve un nilomètre sur la face ouest du temple.
Comme en atteste l’hymne ci-dessous, retrouvé dans le Mammisi, Isis est une Déesse aux tâches et aux aspects variés :
Isis a mis au monde son fils Horus
en roi sur le trône de son père.
(...)
La déesse qui s'est produite au commencement
a rempli le ciel et la terre de sa perfection :
diadème de Celui-qui-brille-en-or,
auguste de son Seigneur
résidant dans l'appartement divin
souveraine des dieux du ciel,
régente des dieux de la terre,
fauconne aussi des dieux de la Douat,
reine qui s'empare de la fonction royale grâce à ses plans
(...)
Puissante, Maîtresse du pays
Maîtresse de la Nubie,
Reine de Haute et Basse-Égypte,
Isis, vénérable, Mère divine, faite régente,
Dame de Philæ, régente de Senmout,
vénérable, puissante, Maîtresse des dieux,
dont le nom est distingué parmi les déesses (...)
en roi sur le trône de son père.
(...)
La déesse qui s'est produite au commencement
a rempli le ciel et la terre de sa perfection :
diadème de Celui-qui-brille-en-or,
auguste de son Seigneur
résidant dans l'appartement divin
souveraine des dieux du ciel,
régente des dieux de la terre,
fauconne aussi des dieux de la Douat,
reine qui s'empare de la fonction royale grâce à ses plans
(...)
Puissante, Maîtresse du pays
Maîtresse de la Nubie,
Reine de Haute et Basse-Égypte,
Isis, vénérable, Mère divine, faite régente,
Dame de Philæ, régente de Senmout,
vénérable, puissante, Maîtresse des dieux,
dont le nom est distingué parmi les déesses (...)
Elle est la gardienne et la protectrice de la dépouille de son frère et époux, Osiris, c’est elle qui prend soin de la momie du Souverain de l’Au-Dela et accomplit chaque jour les rites pour le maintenir en vie. Elle est embaumeuse, gardienne, épouse.
Ensuite, elle est la mère et protectrice d’Horus. Né chétif et fragile, elle est la mère nourricière qui le renforce et l’élève, afin qu’il puisse contrer Seth et Râ et prendre, une fois adulte, le trône laissé vacant par son défunt géniteur. Elle est amante, mère, nourricière.
Elle est également le serpent-uraeus, magicienne et protectrice de Râ lors de son voyage dans le monde inférieur, où chaque nuit, il défie le monstre Apophis. Elle est protectrice, guerrière, magicienne.
Enfin, résultat des trois premières fonctions, elle est la gardienne de l’Egypte, sa bienfaitrice, sa souveraine absolue, révérée de tous et honorée en tous lieux. Elle est reine, Déesse bienfaisante et bienveillante, omniprésente et intemporelle.
Philae, devoir de mémoire
Le temple d’Isis à Philae fut l’une des dernières constructions majeures de l’Egypte pharaonique et le dernier lieu de culte en activité. En effet, bien que l’Egypte soit christianisée sous Théodose vers 350 PCN, le culte d’Isis reste solidement implanté à Philae ou les nubiens, encore très attachés aux anciens dieux, affluent encore. Le culte d’Isis ne cessera qu’avec l’emprisonnement ou le massacre des prêtres par l’empereur Justinien au 6ème siècle.
Jusqu’à cette période, les derniers prêtres, gardiens des hiéroglyphes et de la culture égyptienne tentent de graver dans la pierre la mémoire de tout un peuple, la somme de tout son savoir et l’expression de son esthétique si particulière. Entièrement polychromes, les écrits et les scènes gravées sur les murs de Philae, mais aussi d’Edfou et de Denderah, temples construits à la même époque, sont un véritable manuel des cérémonies, rappelant les paroles, les gestes, les danses, les offrandes, jusqu’aux parfums... de chaque évènement majeur de la vie religieuse.
En effet, à cette période, couramment nommée Basse époque, le culte d’Isis est l’un des plus importants, notamment car le mythe d’Isis et Osiris est un gage d’espoir et d’éternité, symbole auquel se rattachaient probablement les égyptiens à l’approche du déclin de leur civilisation, de la perte de leur culture et de leur identité.
Par ailleurs, à cette époque, la liturgie prend un visage plus humain, plus doux et plus accessible. Isis est vue comme la mère, pleine de compassion, vertu si essentielle aux païens persécutés par les chrétiens, mais aussi comme la Sauveuse, la grande magicienne et la Souveraine suprême. Pour les païens qui se convertissent, Isis et la Vierge Marie sont proches, étant toutes deux mères d’un Sauveur. Les païens nouvellement convertis se rendent à l’église à Philae pour honorer Isis sous le visage de Marie.
A cette époque, Isis est vénérée à travers tout l’empire Romain, comme en attestent les nombreux temples qui lui sont consacrés à travers l’ensemble du bassin méditérrannéen. C’est notamment grâce aux nombreux témoignages et aux renseignements pratiques liés à son culte laissés par les prêtres sur les murs des temples, que le culte d’Isis a traversé les âges.
Malgré que son culte ait connu une longue période de sommeil, Isis la mère, la magicienne, la souveraine, l’épouse, l’amante, la sœur, fascine encore, au point de revenir, discrètement dans le cœur des hommes. Ainsi, Serge Sauneron, égyptologue du siècle dernier et directeur de l’institut français d’archéologie orientale, aura passé sa vie à déchiffrer les hiéroglyphes de Philae et nous laisse une traduction magnifique de l’un des derniers hommages à la Déesse par ses prêtres :
Ensuite, elle est la mère et protectrice d’Horus. Né chétif et fragile, elle est la mère nourricière qui le renforce et l’élève, afin qu’il puisse contrer Seth et Râ et prendre, une fois adulte, le trône laissé vacant par son défunt géniteur. Elle est amante, mère, nourricière.
Elle est également le serpent-uraeus, magicienne et protectrice de Râ lors de son voyage dans le monde inférieur, où chaque nuit, il défie le monstre Apophis. Elle est protectrice, guerrière, magicienne.
Enfin, résultat des trois premières fonctions, elle est la gardienne de l’Egypte, sa bienfaitrice, sa souveraine absolue, révérée de tous et honorée en tous lieux. Elle est reine, Déesse bienfaisante et bienveillante, omniprésente et intemporelle.
Philae, devoir de mémoire
Le temple d’Isis à Philae fut l’une des dernières constructions majeures de l’Egypte pharaonique et le dernier lieu de culte en activité. En effet, bien que l’Egypte soit christianisée sous Théodose vers 350 PCN, le culte d’Isis reste solidement implanté à Philae ou les nubiens, encore très attachés aux anciens dieux, affluent encore. Le culte d’Isis ne cessera qu’avec l’emprisonnement ou le massacre des prêtres par l’empereur Justinien au 6ème siècle.
Jusqu’à cette période, les derniers prêtres, gardiens des hiéroglyphes et de la culture égyptienne tentent de graver dans la pierre la mémoire de tout un peuple, la somme de tout son savoir et l’expression de son esthétique si particulière. Entièrement polychromes, les écrits et les scènes gravées sur les murs de Philae, mais aussi d’Edfou et de Denderah, temples construits à la même époque, sont un véritable manuel des cérémonies, rappelant les paroles, les gestes, les danses, les offrandes, jusqu’aux parfums... de chaque évènement majeur de la vie religieuse.
En effet, à cette période, couramment nommée Basse époque, le culte d’Isis est l’un des plus importants, notamment car le mythe d’Isis et Osiris est un gage d’espoir et d’éternité, symbole auquel se rattachaient probablement les égyptiens à l’approche du déclin de leur civilisation, de la perte de leur culture et de leur identité.
Par ailleurs, à cette époque, la liturgie prend un visage plus humain, plus doux et plus accessible. Isis est vue comme la mère, pleine de compassion, vertu si essentielle aux païens persécutés par les chrétiens, mais aussi comme la Sauveuse, la grande magicienne et la Souveraine suprême. Pour les païens qui se convertissent, Isis et la Vierge Marie sont proches, étant toutes deux mères d’un Sauveur. Les païens nouvellement convertis se rendent à l’église à Philae pour honorer Isis sous le visage de Marie.
A cette époque, Isis est vénérée à travers tout l’empire Romain, comme en attestent les nombreux temples qui lui sont consacrés à travers l’ensemble du bassin méditérrannéen. C’est notamment grâce aux nombreux témoignages et aux renseignements pratiques liés à son culte laissés par les prêtres sur les murs des temples, que le culte d’Isis a traversé les âges.
Malgré que son culte ait connu une longue période de sommeil, Isis la mère, la magicienne, la souveraine, l’épouse, l’amante, la sœur, fascine encore, au point de revenir, discrètement dans le cœur des hommes. Ainsi, Serge Sauneron, égyptologue du siècle dernier et directeur de l’institut français d’archéologie orientale, aura passé sa vie à déchiffrer les hiéroglyphes de Philae et nous laisse une traduction magnifique de l’un des derniers hommages à la Déesse par ses prêtres :
Grande Déesse, mère du dieu, Isis, source de Vie,
Toi qui règne sur Philae, et sur le secteur interdit,
Souveraine des îles, Déesse endeuillée qui reconstitue le corps de ton frère Osiris,
Grande et puissante souveraine des Dieux,
Dont les Déesses exaltent le nom,
Magicienne bienfaisante qui chasse le démon par les paroles de tes lèvres.
Puissante Déesse, à qui la puissance est soumise.
Grande dans le ciel et régente des astres, qui donne sa place à chaque étoile,
Isis, source de Vie, reine de Philae et Reine des déserts du Sud.
Toi qui règne sur Philae, et sur le secteur interdit,
Souveraine des îles, Déesse endeuillée qui reconstitue le corps de ton frère Osiris,
Grande et puissante souveraine des Dieux,
Dont les Déesses exaltent le nom,
Magicienne bienfaisante qui chasse le démon par les paroles de tes lèvres.
Puissante Déesse, à qui la puissance est soumise.
Grande dans le ciel et régente des astres, qui donne sa place à chaque étoile,
Isis, source de Vie, reine de Philae et Reine des déserts du Sud.
[1] Egyptologue et Conservatrice des antiquités égyptiennes au Louvre, résistante durant la seconde guerre Mondiale qui a permis le sauvetage de nombreux objets d’art et connue pour la coordination du sauvetage des temples en Haute Egypte et en Nubie. (1913-2011)
[2] Directeur général de l’UNESCO, Humaniste, écrivain, homme politique français et résistant. (1901 – 1976)
[2] Directeur général de l’UNESCO, Humaniste, écrivain, homme politique français et résistant. (1901 – 1976)
Sources bibliographiques :
* Les Pharaons Bâtisseurs, Henri Stierlin, Ed. Terrail, 1992, Paris – Pg. 203 à 211
* Le Monde des pharaons, Henri Stierlin, Ed. Princesse, Gutemberg, 1981 – Pg. 71 à 81
* Arts et Civilisations : L’Egypte, Barbara L. Begelsbacher-Fischer & Maximilien Bruggmann, Ed. Artis Historia, Bruxelles, 1987
* De la Naissance de l’Arts à l’Egypte Ancienne, Ed. Celiv, Paris 1995 – Pg. 193 à 200
Sources Internet :
http://www.passion-egyptienne.fr/Philae.htm
http://www.egyptos.net/egyptos/pharaon/temple-de-philae.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_d'Isis_(Phil%C3%A6)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Phil%C3%A6#Cultes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nectan%C3%A9bo_Ier
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ptol%C3%A9m%C3%A9e_III
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ptol%C3%A9m%C3%A9e_VI
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ptol%C3%A9m%C3%A9e_XII
http://fr.wikipedia.org/wiki/Isis#Phil.C3.A6
http://learningcenter.univ-lille3.fr/egyptologie/index.php/philae-temple-disis-epoque-ptolemaique-et-romaine/
http://antikforever.com/Egypte/Villes/philae.htm
* Les Pharaons Bâtisseurs, Henri Stierlin, Ed. Terrail, 1992, Paris – Pg. 203 à 211
* Le Monde des pharaons, Henri Stierlin, Ed. Princesse, Gutemberg, 1981 – Pg. 71 à 81
* Arts et Civilisations : L’Egypte, Barbara L. Begelsbacher-Fischer & Maximilien Bruggmann, Ed. Artis Historia, Bruxelles, 1987
* De la Naissance de l’Arts à l’Egypte Ancienne, Ed. Celiv, Paris 1995 – Pg. 193 à 200
Sources Internet :
http://www.passion-egyptienne.fr/Philae.htm
http://www.egyptos.net/egyptos/pharaon/temple-de-philae.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_d'Isis_(Phil%C3%A6)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Phil%C3%A6#Cultes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nectan%C3%A9bo_Ier
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ptol%C3%A9m%C3%A9e_III
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ptol%C3%A9m%C3%A9e_VI
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ptol%C3%A9m%C3%A9e_XII
http://fr.wikipedia.org/wiki/Isis#Phil.C3.A6
http://learningcenter.univ-lille3.fr/egyptologie/index.php/philae-temple-disis-epoque-ptolemaique-et-romaine/
http://antikforever.com/Egypte/Villes/philae.htm
Article écrit par Ravenn, dans le cadre du cursus Dea Initiatrix sur Isis, au sein de l'Ordre de Dea
Publié par Ravenn, le 1/10/2014
Publié par Ravenn, le 1/10/2014